La flûte berbère

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Extrait : CHAPITRE 1
Un soleil de juillet en plein zénith assommait la petite ville. Il n’y avait vraiment plus rien que chaleur et silence. Et ce lézard doré, d’une rigidité minérale, au pied du mur. Et ce vrombissement de mouches berçant cette torpeur sans la troubler. Atmosphère que l’on aurait retrouvée semblable dans toutes les cours intérieures, en arrière des façades aux jalousies soigneusement tirées sur les salles à manger Renaissance et les salons Louis XV, où de petites bourgeoises somnolaient au cliquetis ralenti de leurs aiguilles à tricoter.
Le soleil vous plaquait à la terre et l’on ne se sentait plus qu’un morceau de cette terre, sans commencement ni fin, dans une ronde sans but ni départ : vidé de pensée et de sentiment, tout matière et sensation, tel le tout petit enfant collé au sein maternel. Les rêves eux-mêmes, ces fumées de l’esprit, s’étaient évanouis. Il n’y avait plus, sous les paupières closes par la lumière crue, qu’images fuyantes et sans lien, que la pensée endormie ne pouvait suivre. Et, au bout de la petite main pâle et inerte de Marinette Barnet, un livre entr’ouvert pendait…
Pourtant, de l’autre côté du mur de cette cour de la rue des Dames, rue particulièrement retirée et dormante, une voix d’enfant s’éleva, frêle, un peu acide, et d’un coup la jeune femme retrouva son âme vivante avec ses tenants et ses aboutissants : en arrière, la vaste et lointaine maison campagnarde avec son cercle de regards et son concert de voix ; devant elle, un visage d’enfant, à la mèche, aux cils et au nez relevés, comme pour une perpétuelle et muette interrogation. …