Soisik

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Extrait : CHAPITRE 1
Le soir tombe lentement sur la campagne où les bruits s’éteignent dans le lointain encore poudré d’or au couchant.
Il enveloppe doucement la terrasse blanche et fleurie d’une luxueuse maison, jouant au château, entre son jardin et son parc. Deux hommes y fument en silence, rêveurs et préoccupés, devant le guéridon qui supporte le plateau et les tasses déjà vides.
Le plus âgé, marquant la cinquantaine, bel homme, au visage énergique et dur, au port de tête altier, en impose. Il inquiète même par son regard froid, sa mâchoire carrée. Il doit savoir commander et ne pas souffrir de résistance.
En face de lui, son fils, l’air plus ennuyé que soucieux, se laisse aller au balancement de son fauteuil, les yeux perdus dans le vague, vers la ligne sombre du parc qui se découpe en silhouette noire sur le fond encore lumineux de l’horizon. Il ne voit certainement pas ce que ses yeux regardent.
Visage agréable, aux lignes un peu molles cependant, sympathique, qui attire par un air de bonté flottant et imprécis.
Antithèse vivante de son père qui, depuis un moment, le regarde sans aménité et, soudain, lui dit avec humeur :
— Voyons, Gilles, où en es-tu avec ta cousine ? Il faut que cela aboutisse. Tu tournes autour d’elle depuis son retour. Ce jeu ne peut durer. Je veux des fiançailles promptes, et le mariage avant octobre, c’est-à-dire avant sa majorité. Tu sais pourquoi ?…