La marquise est dans la coulisse

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Extrait : CHAPITRE 1 – Mariage impérial
Le 30 janvier 1853, depuis le matin, une foule innombrable n’avait cessé d’affluer vers les quartiers centraux de la capitale pour se masser entre les Tuileries et l’Hôtel de Ville, le long de la rue de Rivoli nouvellement ouverte.
Il faisait un temps d’une exceptionnelle douceur. L’hiver parisien bénéficie rarement d’un ciel aussi pur, d’un soleil aussi radieux, d’une température aussi clémente. Tout le monde s’en réjouissait, même les irréductibles qui préféraient exhaler leur mauvaise humeur et grommeler leurs sarcasmes au sec que sous la pluie ou la neige. Encore ne s’y risquaient-ils que prudemment, non sans avoir vérifié qu’ils ne se trouvaient pas dans le voisinage de quelque ancien du Premier Empire.
Les vieux de cette époque exultaient. Et leurs épouses, leurs filles, leurs fils aussi, qu’ils avaient dressés à l’adoration du grand homme. Le peuple subissait l’ascendant de leur enthousiasme. Grisé par les fanfares, les cris, les chansons, le mouvement formidable de cette foule dominée par les drapeaux, les bannières, les fanions, les portiques fleuris, les arcs de triomphe de feuillages, les banderoles, les pavois, les guirlandes, il marchait, courait, se précipitait, s’agglomérait aux carrefours, se suspendait aux piliers, s’agrippait aux grilles. Les balcons et les croisées semblaient autant de grappes humaines dangereusement accrochées aux façades.
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