La roue tourne

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Extrait : PREMIÈRE PARTIE
Le soir s’appesantissait sur Paris. Un soir morne, marquant la fin d’un printemps rétif, et qui plaquait des miroirs d’humidité sur l’asphalte, où grondaient les autos. Bien qu’il fit grand jour encore, les ampoules électriques scintillaient déjà au fond des magasins, illuminant les vitrines de leurs petites fleurs de lumière. Et les tubes au néon projetaient sur la chaussée ces reflets rouges, bleus ou verts, sans lesquels, au temps heureux de l’avant-guerre, ne se concevaient pas, dès l’ombre tombée, les paysages parisiens.
Dans son bureau tapissé de rutilantes affiches qui promettaient, côte à côte, les splendeurs du Righi et celles de Marrakech, Yvonne Magnien, dactylo à l’agence de la Compagnie internationale des Beaux Voyages, sise boulevard des Capucines, venait de terminer son courrier. Il y avait relativement peu de travail pour elle en ce moment : la saison de Pâques était close, la ruée de la Pentecôte ne s’amorçait pas encore…