Princesse de lune

Fasciné malgré lui, Mando observait l’étrangère. Le pâle rayon de lune qui la nimbait la rendait plus belle, plus mystérieuse que jamais. Les Indiens comanches n’affirmaient-ils pas qu’elle chevauchait le vent, avec la tempête pour amie et l’orage pour amant ? Mando, lui, ne croyait pas à cette légende. Il savait que Libbie était bien réelle et issue de ce peuple maudit qui avait tué son père. Il savait qu’il n’avait pas le droit de l’aimer. Mais le sortilège charnel agissait quand même…
— Libbie…, murmura-t-il.
La jeune femme frémit. La voix de Mando était douce comme l’ombre de la nuit, douce comme ses mains qui caressaient son visage, douce comme ses lèvres qui se posaient sur les siennes. « Je suis folle ! pensa-t-elle, éperdue. Comment puis-je embrasser ce trafiquant d’armes, ce comanchero sans foi ni loi ? »
Un soupir lui échappa. A quoi bon nier l’évidence ? Une houle de désir l’emportait et elle acceptait à l’avance la rançon de cette faute exquise qu’elle s’apprêtait à commettre, qu’elle avait déjà commise, en esprit. Demain, le remords reviendrait la torturer. Mais ce soir, elle n’avait qu’une envie : s’abandonner au vertige des sens et glisser dans le paradis éphémère de toutes les félicités…