Un peu trop gentleman ?

Harding Casey, officier de son état et gentleman dans l’âme, venait d’essuyer un affront. Certes, un affront tout à fait délicieux : car la très jolie Elizabeth Stone ne s’était départie ni de son exquis regard embrumé ni de cet air envoûtant quand elle lui avait dit : NON. Mais, n’empêche, elle lui avait bel et bien dit « non ». Non, elle ne l’épouserait pas. Non, elle ne porterait pas son nom. Et qu’il soit le père de l’enfant qu’elle attendait n’y changeait rien, assurait-elle. Alors, là, Harding y perdition latin d’officier et de gentleman séducteur. Lui, il avait pour principe d’assumer les conséquences de ses actes. Puisqu’il avait cédé à son attirance pour Elizabeth et qu’elle était maintenant enceinte, il devait l’épouser, n’est-ce pas. Question d’honneur ! Eh bien, NON, avait répondu Elizabeth, parce que, selon elle, le mariage n’était pas une question d’honneur, mais d’amour. Et, avait-elle écouté, elle ne voulait pas devenir la femme d’un individu un peu « trop gentleman », qui faisait son devoir au lieu de suivre son désir. Trop gentleman… Harding n’en revenait pas ! Il n’y avait probablement sur cette terre qu’une seule femme capable d’avancer un argument aussi inattendu — et il avait fallu qu’il tombe sur elle !